Marion Boyd, grande défenseuse de la justice sociale et pionnière en politique, a reçu un diplôme de docteure honoris causa en droit lors de la cérémonie de collation des grades du Campus Glendon, le samedi 24 juin.

Diplômée de Glendon, Marion Boyd (B.A., 1968) est bien connue pour sa défense passionnée des droits des membres de communautés marginalisées, ainsi que pour être un leader du service public très respecté. D’abord élue députée provinciale de London-Centre pour le NPD en 1990, elle a occupé plusieurs postes de cabinet ministériel, notamment ceux de ministre de l’Éducation, ministre des Services sociaux et communautaires et ministre déléguée à la Condition féminine. En 1993, c’était la première femme, non-avocate qui plus est, à être nommée procureure générale.

Depuis sa carrière en politique, elle a dirigé un groupe de travail sur les effets de la violence conjugale sur les femmes et enquêté sur le recours à la loi de la charia dans les arbitrages en droit de la famille en Ontario.

Lors de son allocution le jour de la collation des grades, face aux étudiants presque diplômés de Glendon, Mme Boyd a expliqué que son expérience à Glendon et son emploi, à la fin de ses études, en tant qu’assistante du président de l’Université York ont façonné sa carrière et ses valeurs.

« La garantie que les diplômés peuvent avoir est celle du changement, a déclaré Marion Boyd qui remarquait que les changements dans les domaines sociopolitique, juridique, éducatif et de la vie de famille ont paru survenir à un rythme croissant chaque année. Les nouvelles technologies, a-t-elle poursuivi, ont entraîné des évolutions majeures sur le marché du travail, les emplois autrefois considérés comme étant sûrs et garantis à vie disparaissant à une vitesse déconcertante et contraignant les travailleurs à se recycler au risque, dans le cas contraire, d’être laissés derrière. »

Marion Boyd & Greg Sorbara

Le chancelier de l’Université York Gregory Sorbara remet son doctorat honorifique à Marion Boyd

 

« L’éducation que vous avez reçue ici à Glendon a été conçue pour vous préparer aux changements de la vie et du travail, ainsi que pour entretenir chez vous l’amour de l’éducation », a dit Marion Boyd. Elle a décrit ses études à Glendon comme étant vastes, avec des cours spécialisés dans une gamme étendue de disciplines académiques, ce qui, selon elle, a favorisé une flexibilité de pensée, des compétences en analyse et en langues, ainsi qu’une capacité à vivre avec son temps et à embrasser la diversité.

Boyd a raconté aux futurs diplômés que le premier principal de Glendon, F. Scott Reid, ayant pris ses fonctions en 1966, était lui-même un fonctionnaire qui savait s’exprimer et qui envisageait l’éducation comme préparant les étudiants à vivre une vie riche et dédiée au service de leur pays et de leurs communautés. « On conseillait constamment aux étudiants d’avoir conscience de leur être tout entier, lequel était symbolisé par la sculpture The Whole Person [sur le campus Glendon], et on emmenait toujours les visiteurs du campus la voir, nous arrêtant devant la sculpture pour avoir une bonne représentation visuelle de ce qu’être conscient de son être tout entier signifiait. »

Marion Boyd

Marion Boyd

 

« En tant qu’étudiants de Glendon, on nous encourageait à être actifs et à nous investir dans tous les aspects de la vie universitaire et dans la communauté au sens le plus large. Même lorsque nos activités dans le mouvement des droits civils ou les protestations contre le Vietnam, ou encore le mouvement étudiant ou le mouvement féministe émergeant, ont donné lieu au désarroi et à la gêne chez les membres du corps enseignant et du personnel, notre droit à nous impliquer n’a jamais été remis en question, c’était nos méthodes. Même si certains d’entre nous étaient trop jeunes pour voter, nous sentions que nous avions le droit d’explorer toutes nos options et de décider comment nous aurions voté si nous en avions eu la possibilité.  »

« On encourageait les débats respectueux et on explorait les questions sous tous les points de vue. Les conséquences, qu’elles aient été visées ou non, des politiques proposées, à la fois ici, à l’Université et au gouvernement, étaient examinées et avidement discutées », s’est rappelée Boyd.

Les leçons qu’elle a apprises sont encore valables aujourd’hui. « Chacun des choix que nous faisons dans la vie est crucial, et nos choix ne façonnent pas seulement qui nous sommes, ils ont aussi un impact réel sur l’avenir de notre société et sur nos relations. En tant qu’êtres existentiels, nous sommes contraints d’assumer la responsabilité de nos actions et de nos communications, nous sommes capables de prendre de nouvelles décisions lorsque les précédentes se sont révélées inadaptées, en dépit du degré d’imprévisibilité des conséquences. »

« Ce qui semble ne pas être clair à un grand nombre de personnes dans le monde, de nos jours, c’est que lorsque des individus choisissent de ne pas participer à des prises de décisions en politique, de justice sociale ou dans le système juridique, ils se dérobent à leur responsabilité de devoir être activement impliqués dans la création de la réalité dans laquelle ils vivent », a affirmé Mme Boyd.

Elle a exhorté les futurs diplômés à s’impliquer, à voter, à être actifs et engagés. Elle leur a également demandé de se servir au mieux de l’éducation qu’ils ont reçue à Glendon et de leurs diplômes de l’Université York. « Les statistiques démontrent clairement que l’engagement dans le processus démocratique au Canada, à tous les niveaux gouvernementaux, est inférieur à chaque élection ou référendum successif », a-t-elle dit, ajoutant que bon nombre de citoyens se soustraient à leur devoir de jury et s’opposent au paiement de leurs impôts.

« Ce qu’on ne reconnaît pas, c’est le choix de ne pas s’impliquer, car ne pas s’impliquer est un choix en soi qui sape la base même de notre société démocratique. Parfois, je crois en effet que la décision de ne pas agir est peut-être plus nuisible que toute autre option présentée. Pensez au récent référendum britannique sur le BREXIT : les chiffres illustrent que les jeunes étaient largement sous-représentés parmi les votants, qu’ils aient été pour ou contre. Ils n’ont pas voté en grand nombre sur la question en dépit du fait que leur future prospérité dépendait largement de ce qui était en jeu. Pourtant, une fois les résultats du référendum connus, un grand nombre de personnes se sont soudain fait entendre et ont activement soutenu le maintien du pays dans l’Union européenne même si la décision avait déjà été prise en l’absence de leurs votes, d’un côté comme de l’autre. »

Marion Boyd a mis en garde les étudiants bientôt diplômés contre le fait que la décision de ne pas s’impliquer pouvait entraîner une situation telle que le résultat des récentes élections américaines.

En conclusion, elle a passé le flambeau aux jeunes diplômés en insistant sur l’importance qu’ils se servent de leurs études pour contribuer au bien public, pour voter et pour s’engager dans la formation de la société civile des générations futures.

 
Publié dans YFile le 19 juillet 2017