Du discours d’adieu à chef de pupitre : Heather Scoffield sait livrer les sujets d’actualité pressants

 

Heather

Heather Scoffield, BA Études internationales, 1992

Si Heather Scoffield pouvait créer un gadget électronique, ce serait un petit appareil polyvalent pratique permettant aux journalistes d’enregistrer des images vidéo à distance, de faire des enregistrements audios de qualité radiodiffusion et de transcrire les commentaires.

« Dans mes rêves, ce gadget serait vraisemblablement monté sur notre tête et diffuserait ses données sur toutes les plateformes médiatiques, nous laissant les mains et l’esprit libres pour poser des questions difficiles et nous intéresser davantage aux personnes que nous couvrons, explique-t-elle. En ce moment, nous devons porter une caméra vidéo, un magnétophone, un carnet, un stylo et un trépied. »

L’obligation de trimballer ce matériel — ainsi que bottes et manteaux en hiver — n’a pas ralenti Heather Scoffield. Elle a passé plus de vingt ans à poser des questions difficiles en tant que journaliste spécialisée dans les dossiers économiques et de politiques sociales. Aujourd’hui, elle est chef de pupitre à Ottawa pour la Presse canadienne qui fournit du contenu à plus de 600 agences médiatiques. Pourtant, Heather Scoffield n’avait jamais envisagé une carrière en journalisme.

« Lorsque j’ai commencé mes études à Glendon, j’avais l’intention de devenir diplomate. Le journalisme ne m’intéressait pas. Pourtant, au cours de ma première année, je me suis retrouvée avec l’envie de dire des choses et j’ai découvert que le meilleur endroit pour le faire était dans le journal étudiant [Pro Tem]. J’ai attrapé le virus du journalisme. »

Au cours de sa quatrième année, le pays était en récession et le concours d’admission au service extérieur a été annulé. Scoffield a alors pris le virage du journalisme, qu’elle n’a pas quitté depuis.

Les cours, le milieu universitaire et les activités parascolaires de ses années à Glendon ont développé sa curiosité naturelle. De fait, elle estime que c’est l’approche particulière de Glendon à l’apprentissage de premier cycle qui l’a préparée à son emploi actuel.

« Glendon m’a permis de donner libre cours à ma curiosité et de mettre mes pensées par écrit. Je me suis retrouvé dans un milieu où il n’y avait pas de questions inappropriées, où on encourageait toutes les questions. Pro Tem répondait à mon besoin d’échéances et me donnait une idée du travail de recherche d’une journaliste. Et comme j’étudiais en français et en anglais, ça me préparait à une vie en politique fédérale, où il est essentiel d’être bilingue. »

Ses années d’apprentissage à Glendon ont porté fruit. Après avoir obtenu son diplôme en études internationales et prononcé le discours d’adieu de la promotion de 1992, elle a fait sa maîtrise en journalisme à l’Université Western Ontario. En 2013, elle remportait un prix au Concours canadien de journalisme, une de ses nombreuses distinctions, pour sa couverture de la crise des opiacés dans les communautés autochtones en région éloignée. C’est là une de ses plus fières réalisations, notamment pour les commentaires qu’elle a reçus pour son traitement réfléchi du sujet.

La couverture de la crise financière de 2008 est un autre point déterminant de sa carrière. La rapidité des événements et la complexité du sujet l’obligent à comprendre rapidement la situation pour faire ses reportages. Elle estime que cette capacité de faire le tri dans les détails et de décrire clairement les situations figure parmi les contributions les plus importantes du journalisme des médias imprimés et télévisés du Canada aux médias internationaux des actualités.

« À une époque où les médias sociaux nous divisent en groupes de plus en plus petits qui ne se parlent plus, les moyens de communication de masse fournissent un antidote à l’isolement et favorisent une compréhension commune de notre pays et de notre société. Nous demandons des comptes aux hommes et aux femmes politiques, sans parti pris ni engagement, dans une langue que peuvent comprendre un grand nombre de Canadiens et de Canadiennes. De plus, nous expliquons et éclairons des enjeux complexes importants qui comptent dans la vie de tous les jours. »

Autre difficulté causée par les médias sociaux, la durée d’attention devient de plus en plus courte et les pièges à clics se multiplient. Elle ne perçoit aucunement comme un fardeau l’obligation de trouver un équilibre entre le besoin d’élargir le public de son entreprise et le devoir de partager des nouvelles importantes avec le public. Elle trouve que c’est là un élément central de son travail.

« Mon objectif est de rendre les actualités assez intéressantes afin qu’il n’y ait pas de conflit entre celles que l’on veut lire et celles que l’on devrait lire. Nous le faisons en étant les premiers à révéler des nouvelles, en exposant le côté caché de la politique, en présentant des portraits de personnes intéressantes et en écrivant d’une façon qui explique aux gens pourquoi il est important de s’intéresser à la politique. »

Il n’y a aucun doute que le journalisme joue un rôle critique, bien que parfois incompris, dans notre société. Mais comme c’est le cas dans de nombreux secteurs aujourd’hui, on constate une véritable anxiété autour des menaces qui planent sur la sécurité d’emploi des journalistes. Pour Heather Scofield, on résoudra cette situation en s’adaptant tout en respectant la nature humaine du travail. Elle offre les conseils suivants aux diplômés qui envisagent une carrière en journalisme.

« Chaque jour, nous entendons parler des merveilles de l’intelligence artificielle et de la robotique. Nous entendons également parler de [destruction] possible d’emplois. À mon avis, les nouveaux diplômés doivent adopter l’intelligence artificielle en tant qu’outil tout en concentrant sur les aspects que les robots ne peuvent pas reproduire facilement : l’intelligence affective, les amitiés, un esprit interrogateur nuancé et une capacité profonde de communiquer sur bien des des niveaux. »

 

Neya Abdi, BA 2016 Études internationales

Publié en septembre 2018

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