La devise qui a marqué la vie de Rosemary Sadlier pourrait être « fleurissons là où on a été planté ». Après avoir obtenu un baccalauréat en sociologie à Glendon, elle a été confrontée à l’obstacle habituel des nouveaux diplômés : la difficulté de trouver un premier emploi.

Rosemary Sadlier, BA Sociologie

« J’ai fait du bénévolat pour acquérir de l’expérience tout en acceptant des contrats ou des emplois à temps partiel et j’ai mis de l’argent de côté pour suivre un programme de maîtrise en travail social, explique Rosemary. Une fois que j’ai obtenu ma maîtrise, je voulais vraiment travailler dans le domaine de la protection de l’enfance. Toutefois, je n’arrivais pas à entrer dans la branche souhaitée et d’autres branches ont mis trop longtemps à m’ouvrir leurs portes. »

L’un de ces postes bénévoles était un siège d’administratrice au sein de la Ontario Black History Society, le seul organisme provincial de mise en valeur du patrimoine au Canada consacré à l’histoire des Noirs. Au bout de quelques années, elle a accepté le poste de présidente. Même si cela demeurait un poste à titre de bénévole, elle pouvait mettre son éducation au service d’une cause importante.

« J’ai pu faire profiter la communauté de mes compétences de sociologue et de travailleuse sociale, explique Rosemary. J’ai appliqué les principes et les pratiques de ma spécialisation en sociologie, de ma formation linguistique en français et de mes compétences en travail social dans les domaines de l’éducation, de la communauté et des politiques. Mon objectif était de trouver des moyens pratiques et concrets de développer l’organisation, de faire en sorte qu’un plus grand nombre de personnes valorisent l’histoire des Noirs et de trouver des partenaires et des commanditaires. »

Sa motivation était très personnelle. Entre-temps, Rosemary s’était mariée et avait commencé à fonder une famille. Elle ne voulait pas que ses enfants éprouvent les difficultés qu’elle avait rencontrées en tant que femme noire pour trouver un emploi malgré les multiples diplômes qu’elle détenait.

« Pour mes magnifiques enfants, je devais faire tout mon possible pour éliminer les obstacles qui existaient encore afin qu’ils aient une vie meilleure. »

Ce lien personnel a motivé Rosemary à obtenir la commémoration permanente du Mois de l’histoire des Noirs. Avec l’aide de Jean Augustine, première Canadienne noire élue au Parlement, Rosemary a obtenu en 1995 la reconnaissance fédérale du Mois de l’histoire des Noirs qui a été célébré officiellement pour la première fois à l’échelle du pays en février 1996. 

« C’était important pour moi, et pour le pays tout entier, je crois, car cela était une pierre angulaire pour mettre l’accent sur la présence, la contribution et l’expérience des Canadiens et Canadiennes d’origine africaine dont les vies avaient été ignorées ou qui n’avaient pas leur place dans le scénario national. »

Lors d’une entrevue avec CityTV, une maison d’édition a remarqué Rosemary, ce qui a lancé sa carrière d’auteure, oratrice et consultante primée. Aujourd’hui, elle est la fondatrice et présidente du Black Canadian Network et siège à la Société royale du Commonwealth du Canada en tant que responsable de l’équité pour les Amériques et les Caraïbes et seconde vice-présidente. Son initiative actuelle visant à faire du 1er août le « Jour de l’émancipation » au Canada est récemment passée en seconde lecture à la Chambre des communes.

Ayant consacré les dernières décennies à faire pression pour amener des changements positifs dans sa communauté et dans son pays, Rosemary donne le conseil suivant aux diplômés de Glendon qui souhaitent exercer une influence : « J’encourage les diplômés de Glendon à se lancer, à agir et à essayer des choses même si elles ne correspondent pas à leur idée initiale. Ils découvriront alors ce qu’ils ne peuvent absolument pas tolérer, ou ce qu’ils trouvent inspirant ou pas. »

 

Neya Abdi, BA’16 Études internationales
Publié en Février 2021