Pourquoi nous nous accrochons à des croyances – certaines dangereuses, d’autres pas – et comment résister à cette servitude

Un nouveau livre de James Alcock, professeur de psychologie à Glendon, pose des questions fondamentales sur les croyances et explique pourquoi nous nous en tenons à certaines convictions, alors même qu’elles nous nuisent, voire nous détruisent. Ce livre captivant intéressera tous ceux qui interviennent dans le domaine de la psychiatrie, les étudiants en psychologie et une partie du grand public.

Si vous avez déjà récité une prière, évité un chat noir, consulté un voyant ou pris des précautions supplémentaires un vendredi 13, votre comportement témoigne de la puissance d’une foi aveugle et inconditionnelle. Ainsi, les croyances sous-tendent, orientent et expliquent de nombreux comportements humains, dont certains sidèrent un certain nombre d’entre nous.

Alcock explique que les croyances éclairent notre compas moral et nourrissent notre imagination, mais qu’elles peuvent être déviantes.

Plus profondément, et de manière plus grave, les croyances peuvent expliquer qu’une personne appuie le terrorisme, refuse de subir une intervention médicale qui lui sauverait la vie, ou même trouve une justification au suicide collectif. Dans son nouveau livre particulièrement captivant, Belief: What It Means to Believe and Why Our Convictions are So Compelling (Prometheus Books, 2018) (Croyance : ce que croire signifie et pourquoi nos convictions sont si irrésistibles), James Alcock, professeur de psychologie à Glendon, décortique la manière dont les croyances opèrent dans le cerveau humain, et surtout comment ces croyances peuvent être bouleversées par la pensée critique.

James Alcock

Psychologue clinicien autorisé, Alcock a consacré sa carrière à ce domaine de recherche. Auteur de deux autres livres, Science and Supernature et Parapsychology: Science of Magic, il a également écrit de nombreux articles universitaires sur la psychologie sociale et la psychologie des croyances.  

Dans ce nouveau livre, Alcock pose des questions cruciales : « Que signifie le terme « croyance » ? Et comment certaines croyances peuvent-elles être si puissantes qu’elles résistent à la fois à la raison et aux données probantes qui les remettent en question ? »

Ce livre de 600 pages répond à ces questions fondamentales en explorant la psychologie des croyances – comment celles-ci s’élaborent et sont influencées par des facteurs internes, comme la perception, la mémoire, la raison, les émotions et les croyances antérieures, et des facteurs externes, comme l’expérience, l’identification à un groupe, la pression sociale et la manipulation.

Mais surtout, Alcock ne mésestime pas les croyances. Au contraire, il les voit comme une nécessité dans la mesure où elles nous fournissent un compas moral pour guider notre prise de décisions au jour le jour. Il prévient cependant que de fausses croyances peuvent nous attirer des ennuis. « Ces croyances – résultant d’une méprise quant à la cause d’une maladie, la mauvaise perception des actions d’un ennemi, l’idée fausse de la réalité des dieux, voire de certains dieux – conduisent à des actions inappropriées, inadaptées », explique-t-il. En d’autres termes, des croyances erronées peuvent déclencher la jalousie, l’esprit de revanche, la superstition, la cupidité, la convoitise, l’orgueil – et sont ainsi à la source d’émotions très négatives.

Alcock aborde un vaste sujet avec compétence et habileté

Presque tous les dilemmes éthiques imaginables sont envisagés dans ce livre. C’est un sujet potentiellement infini, mais Alcock présente son matériel de manière logique et les cas particuliers avec compétence et habileté. Il explique le cycle de vie des croyances, comment celles-ci sont établies, pérennisées, déformées ou manipulées, et quelquefois abandonnées.

Le livre est organisé en six parties succinctes :

  1. The power to believe (La puissance d’une croyance) envisage les croyances pour lesquelles des personnes sont prêtes à mourir. Pour Alcock, « [r]ien ne démontre aussi fortement la puissance d’une croyance ».
  2. The belief engine (La machine à croyances) explique l’émergence des croyances à partir de ce que l’on constate autour de nous, mais aussi de notre vécu, de nos souvenirs, de nos apprentissages, de nos pensées et de notre ressenti.
  3. Belief stability and change (Stabilité et évolution des croyances) décortique ce qui nourrit et pérennise nos croyances.
  4. Knowing ourselves (Se connaître) explore les mythologies que nous élaborons à propos de nous-mêmes, de notre bien-être et de notre guérison ; ce chapitre envisage également les remèdes de grands-mères et les médecines alternatives.
  5. Belief in a world beyond (Croire en l’au-delà) explore la croyance en Dieu, la croyance en la magie, et la superstition.
  6. Vetting belief (Contrôler les croyances) démontre comment contrecarrer les croyances par la raison et la pensée critique.

Un livre fourmillant d’exemples fascinants (et quelquefois drôles)

La principale qualité de ce livre approfondi est d’être rédigé de manière accessible et distrayante, mais aussi de comporter quelque chose pour tout un chacun. Le chapitre 19, intitulé A Caboodle of Strange Beliefs (Un attirail de croyances étranges), éclaire les tentatives de communiquer par téléphone avec les morts, l’utilisation des planches de Ouija, dont les gouttes sont déplacées par les mouvements inconscients et involontaires des participants, l’existence des fantômes, très liés à nos propres attentes, les horoscopes, l’astrologie, la cléromancie (le lancer de pierres ou de dés pour obtenir une orientation de vie), et la « lecture » des intestins de poulet.

Les objets volants non identifiés (OVNIS) sont aussi abordés dans ce chapitre fourre-tout, y compris les « extraterrestres faisant des choses bizarres » aux plantes – par exemple, les agroglyphes – au bétail ou aux animaux familiers – tués avec une précision extrême, en réalité par des prédateurs naturels ou des oiseaux de proie – et aux humains, enlevés par des extraterrestres (rappel grâce à une hypnose extrêmement suggestive). La combustion humaine spontanée, qui terrorisait les personnes débordantes d’imagination dans les années 70, est aussi abordée.

Alcock évoque les OVNIS et démystifie l’idée d’agroglyphe et celle d’enlèvement par des extraterrestres.

Le livre offre des conseils sur la manière de combattre les absurdités

Le chapitre final défend la thèse que l’imagination, qui conduit souvent aux croyances, a un rôle vital à jouer dans nos vies : elle mène à la création, et incite à la recherche et à la découverte scientifique. Cependant, Alcock nous avise que si l’imagination peut nous diriger elle peut aussi souvent mal nous diriger. L’évaluation critique, argumente-t-il, nous aiderait à faire la différence entre l’imagination et la réalité.

Alcock délivre aussi des conseils pour « construire un paravent contre les absurdités. »

  1. Attention, nous pouvons tous être dupés.
  2. Prenez en compte votre intuition, mais ne lui faites pas confiance.
  3. Ne mettez pas les comportements des gens sur le compte de leur personnalité : « C’est facile de supposer que les terroristes-suicides sont à la fois fous et impitoyables. », explique-t-il.
  4. Soyez prudent en matière de validation personnelle.
  5. Ne vous fiez pas à une source unique d’information.
  6. Ne confondez pas coïncidence et causalité.
  7. Soyez prudent : ne surinterprétez pas les corrélations.
  8. Posez-vous la question « comparativement à quoi ? » – soit une perspective essentielle dans toute enquête scientifique.
  9. Cessez de juger.

Pour en savoir plus sur ce livre, consultez le site Internet de l’éditeur. Pour des renseignements supplémentaires sur Alcock, consultez la page de son profil universitaire.

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