Lancement du nouveau livre d’une professeure de sociologie de Glendon sur les politiques de laïcité en France et au Québec

La professeure Emily Laxer explore des interprétations originales des débats publics sur les signes religieux des minorités dans la sphère publique au Québec et en France.

Un nouvel ouvrage d’Emily Laxer, professeure de sociologie au campus Glendon, explore des interprétations originales des débats publics sur les signes religieux des minorités dans la sphère publique au Québec et en France. Le lancement de son livre intitulé Unveiling the Nation. The Politics of Secularism in France and Quebec a eu lieu le 23 avril à Glendon. Cet événement était organisé par le Groupe de recherche sur le Canada francophone, Canada francophile et les études sur le Canada en français, un groupe de recherche affilié au Centre Robarts des études canadiennes de l’Université York.

En cette époque d’intenses débats sur la portée des politiques mondiales de diversité religieuse, Unveiling the Nation jette un œil critique sur la façon dont la politique partisane et les instabilités qu’elle engendre déterminent les limites nationales de la laïcité dans des sociétés diversifiées.

En photo, de gauche à droite : le coprincipal par intérim, Ian Roberge, la professeure Audrey Pyée, la professeure Emily Laxer et le professeur Jean-Michel Montsion

Au cours des dernières décennies, les politiciens européens et nord-américains ont âprement débattu les effets d’une minorité musulmane croissante sur leurs identités nationales respectives. Certains de ces pays ont interdit le port d’habits religieux islamiques dans des lieux et établissements publics, tandis que dans d’autres pays, les restrictions d’ordre légal font l’objet d’intenses conflits politiques. Essayant de comprendre ces résultats disparates, les spécialistes des sciences sociales se sont concentrés sur le rôle des modèles d’identité nationale à caractère historique dans ces pays et les discours de laïcité qui s’ensuivent.

L’ouvrage Unveiling the Nation d’Emily Laxer problématise cette approche. Elle prend l’exemple de la France et du Québec pour illustrer la façon dont la lutte des partis politiques pour le pouvoir et la légitimité influence la réaction de l’État aux signes islamiques. En se basant sur des preuves historiques et des entrevues en coulisse avec des politiciens et des activistes, Emily Laxer révèle des liens invisibles entre les structures des conflits partisans et les stratégies employées par les acteurs politiques pour articuler les limites nationales de la laïcité. Elle montre que dans le cas du régime politique français traditionnellement basé sur un système de classes, les partis de gauche et de droite ont convergé pour appuyer un agenda laïque restrictif afin de limiter le siphonnement des votes par l’extrême droite. Au Québec, cependant, la pertinence électorale durable de la « question nationale » a encouragé les acteurs politiques à projeter des images très contradictoires du passé, du présent et de l’avenir de la laïcité dans cette province.

Emily Laxer est une sociologue spécialisée en sociologie politique, immigration, citoyenneté, nationalisme et genre. Ses recherches examinent d’une manière générale l’influence des luttes politiques sur l’incorporation des minorités ethno-religieuses dans des pays à forte immigration. Ses écrits ont été publiés dans des journaux scientifiques spécialisés comme Ethnic & Racial StudiesJournal of Ethnic and Migration StudiesNations & Nationalism, et Comparative Studies in Society and History.