Un enseignant de Glendon diffuse en direct des sorties sur le terrain à des fins d’éducation expérientielle pendant la pandémie

Charles-Antoine Rouyer ne voulait pas que les restrictions dues à la COVID-19 privent ses étudiants et étudiantes de possibilités d’éducation expérientielle cet automne. Ce chargé de cours du campus Glendon de l’Université York donne à distance le cours Communication, santé et environnement à 125 étudiants. Pour lui, il était hors de question d’annuler ses sorties sur le terrain.

« Nous faisons habituellement deux sorties sur le terrain dans le cadre de mon cours d’automne-hiver. L’éducation expérientielle est un excellent moyen d’atteindre certains objectifs d’apprentissage, dit Charles-Antoine Rouyer, qui assure ce cours de six crédits depuis 2004. C’est aussi une bonne occasion de découvrir ce dont nous avons parlé en classe. Les sorties sur le terrain, axées sur la dynamique du bassin hydrographique et l’écologie urbaine, permettent aux étudiants de voir la science à l’œuvre et de s’investir dans leur apprentissage. »

Charles-Antoine Rouyer

Quand son cours est passé à un format à distance en septembre dernier, Charles-Antoine Rouyer s’est demandé quelles options pouvaient offrir une expérience similaire aux sorties sur le terrain à ses étudiants. Sa solution? Les faire quand même, mais les diffuser en direct. Tout d’abord, il devait faire des essais.

Charles-Antoine admet que ce n’était pas aussi facile que prévu et que cela lui a demandé « pas mal d’efforts » pour trouver la technologie la mieux adaptée à l’expérience. Il a consacré quelques heures à faire des essais, d’abord chez lui, puis sur le terrain, avant de décider d’opter pour une diffusion en continu avec à la caméra 1080p de son téléphone intelligent. Pour l’audio, il a utilisé le micro de ses écouteurs-boutons et Zoom pour la diffusion en continu et en direct.

Le premier événement a été diffusé en direct le 3 octobre 2020 au parc Brickworks de la ville de Toronto. Cette sortie sur le terrain visait à présenter un environnement artificiel avec des étangs et comprendre comment la construction de zones humides permet la filtration naturelle de l’eau et protège contre les inondations.Charles-Antoine Rouyer a sondé sa classe pour mesurer l’intérêt d’une participation en personne, tout en respectant les protocoles de la COVID-19 pour la distanciation et les rencontres sociales. Un seul étudiant s’est présenté à la sortie et 76 y ont participé au moyen de Zoom.

« C’était bien d’avoir un étudiant présent, précise-t-il. Cela ajoutait un côté interactif à la sortie; ses questions et ses commentaires ont profité à ceux qui étaient en ligne. »

Durant la diffusion en direct, Charles-Antoine s’est assuré de donner la chance aux participants de poser des questions et d’interagir en temps réel grâce à Zoom. L’événement a également été enregistré pour ceux qui ne pouvaient pas y assister en direct.

Après avoir visionné l’enregistrement, Charles-Antoine a peaufiné la qualité de la diffusion en continu avant la deuxième sortie sur le terrain qui était prévue le 24 octobre dans la forêt de Glendon, le long de la rivière Don. L’objectif pédagogique était de sensibiliser les élèves aux bassins hydrographiques et à la restauration écologique.

Pour cette sortie, Charles-Antoine s’est équipé d’une caméra GoPro et l’a connectée à Internet en utilisant le point d’accès de son téléphone pour la diffusion en continu. Malheureusement, en raison des limites de bande passante, son téléphone ne pouvait pas appuyer à la fois la diffusion en continu de la caméra GoPro et la session Zoom. L’enseignant a donc confié à un étudiant en ligne la gestion de la session Zoom et a lancé la diffusion en continu avec une adresse URL GoPro. Cette fois, quatre étudiants s’étaient présentés. Parmi eux, une étudiante est restée sur Zoom avec son téléphone pendant toute la sortie et a assuré la liaison entre la classe et l’enseignant.

Photo de l’installation GoPro utilisée par Charles-Antoine Rouyer lors de la deuxième sortie sur le terrain diffusée en direct en continu (Image : John Marbella)

Malgré quelques problèmes techniques avec les deux méthodes — notamment des interruptions du flux de l’audio et de la vidéo —, Charles-Antoine considère que les deux approches étaient fructueuses. Selon les résultats d’un sondage distribué par la suite, tous les étudiants de la classe étaient du même avis.

Asma Zahra, l’étudiante qui était présente lors de la sortie dans la forêt de Glendon, se dit reconnaissante du temps investi dans cette expérience d’éducation expérientielle. Le fait d’avoir été les « oreilles » de la rencontre Zoom — pendant que l’enseignant était en direct sur GoPro — a ajouté de la substance au contenu de ses cours théoriques. Elle loue également la créativité et le sens de l’innovation déployés dans cette possibilité d’éducation expérientielle.

« M. Rouyer se passionne pour l’environnement et on ressent cela dans ses cours et ses présentations, déclare-t-elle. En ce moment, les professeurs qui font des efforts pour être créatifs, faire participer leurs étudiants et tirer le meilleur parti possible de l’éducation expérientielle sont très appréciés. »

Ce cours est d’ailleurs son préféré depuis le passage à l’apprentissage à distance durant le trimestre d’été. « C’est de loin le meilleur cours que j’ai suivi en ligne depuis le début de la pandémie, ajoute-t-elle. Il est très important non seulement de s’adapter à la situation actuelle, mais aussi d’adopter des approches pédagogiques plus créatives et innovantes. M. Rouyer s’est donné beaucoup de mal pour maintenir l’intérêt chez ses étudiants et leur offrir des possibilités d’éducation expérientielle. Malgré quelques problèmes techniques inévitables, il a fait tout son possible pour que les étudiants et étudiantes tirent le meilleur parti de ce cours durant cette période. Ce sont des efforts vraiment louables. »

Photo de l’installation GoPro utilisée par Charles-Antoine Rouyer lors de la deuxième sortie sur le terrain diffusée en direct en continu (Image : John Marbella)

Charles-Antoine Rouyer dit qu’il a essayé d’offrir à ses étudiants diverses options pour découvrir les sites, notamment des instructions pour une visite autoguidée et des plans de sites sur eClass, afin que les étudiants puissent mieux suivre les événements en direct. Les résultats d’un sondage auprès des étudiants ayant participé aux deux sorties ont indiqué que la majorité d’entre eux préférait la technologie utilisée lors de la deuxième sortie sur le terrain. Dans l’ensemble, la rétroaction a été très positive.

Selon Aameet Ekram, un étudiant de première année qui suit des cours de science politique à distance, la sortie sur le terrain diffusée en continu et en direct était très « intéressante », et malgré ses réserves initiales, l’expérience s’est beaucoup mieux passée que prévu. « Ce format permettait d’apprendre, et franchement, j’ai beaucoup appris, déclare-t-il. Je préconiserais de mettre en place ce type d’expérience dans d’autres programmes. Je suis sûr que ce serait vraiment utile dans des cours qui auraient offert des sorties sur le terrain si la pandémie n’avait pas frappé. »

Bien qu’il étudie à l’étranger avec plusieurs heures de décalage horaire, Ekram a pu se connecter, participer et tirer des enseignements précieux de cette expérience. « Cela m’a permis de découvrir réellement les environnements en question — ce qui est l’objectif du cours — et d’explorer des lieux que je n’aurais jamais eu l’occasion de visiter (dans le cadre d’un apprentissage en ligne). À défaut de visites en personne sur le terrain, c’est ce qu’il y a de mieux. C’est vraiment une idée de génie, ajoute-t-il. En fait, la diffusion des sorties sur le terrain m’a donné envie de visiter ces endroits. Je pense que je le ferai quand tout sera revenu à la normale et que je pourrai venir à Toronto. »

Charles-Antoine Rouyer a présenté ses expériences de diffusion en continu et en direct aux membres du corps enseignant qui se réunissent chaque semaine pour partager des stratégies d’apprentissage en ligne. Il espère que ses expériences contribueront à une communauté de pratique à l’échelle de l’université sur la diffusion en direct à distance.

Linda Carozza, membre du corps professoral de York, chargée de cours du Département de philosophie et mentore partenaire de l’apprentissage en ligne au sein de Teaching Commons, dirige le groupe de professeurs qui partagent leurs expériences sur l’apprentissage en ligne. Selon Mme Carozza, le récit de Charles-Antoine Rouyer sur sa méthode d’enseignement en direct offre un aperçu de l’intersection entre l’éducation expérientielle, la pédagogie numérique et la technologie pédagogique : « La pandémie a certes mis des bâtons dans les roues d’un cours généralement donné en face à face avec des visites sur le terrain, mais elle a également incité des collègues comme Charles-Antoine à être des pionniers de cette méthodologie innovante d’apprentissage en ligne ».

Elle espère vraiment qu’il documente ses expériences et ses recherches sur la diffusion en continu en matière d’enseignement et d’apprentissage.

Ashley Goodfellow Craig, rédactrice adjointe, YFile