Le 23 mars 2017, le campus Glendon de l’Université York a organisé ses troisièmes débats internationaux de Glendon intitulés «AECG: Une nouvelle structure pour le commerce international ou la dernière en son genre ?» L’événement a été organisé conjointement par l’École d’Affaires  publiques et internationales de Glendon, les consulats de l’UE à Toronto ainsi que le Conseil international du Canada  section Toronto. Ce débat s’inscrit dans le cadre d’une série de conférences de l’UE organisées par les consuls généraux des pays de l’UE à Toronto en collaboration avec des institutions universitaires pour discuter de questions importantes et pertinentes.

C’est une salle comble qui a accueilli avec enthousiasme nos cinq distingués panélistes, le modérateur Derek DeCloet, directeur de la rédaction, rédacteur en chef, Report on Business au Globe and Mail, Annie Demirjian, directrice de l’École des Affaires publiques et internationales de Glendon, ainsi que Hanan El Khatib, Consule générale de Malte. Mme El Khatib a présenté l’AECG comme un «accord vivant» qui ne sera pas désuet mais qui restera plutôt progressiste car il renforcera les droits des travailleurs et protégera l’environnement entre le Canada et l’Union européenne. Selon elle, l’AECG se fond fondamentalement sur des valeurs communes partagées à la fois par le Canada et son deuxième partenaire commercial, l’UE. Fondé sur la collaboration et le respect par-dessus tout, l’AECG est un modèle pour les futurs accords commerciaux. M. Stewart Wheeler, Sous-ministre adjoint aux Relations internationales et Chef du Protocole pour la province de l’Ontario, et M. David Usher, Directeur général, Négociations commerciales, Ministère des Affaires étrangères et Représentant du Gouvernement fédéral, ont renchérit avec la même opinion. L’AECG s’avérerait également une occasion importante d’élargir, de diversifier et de maximiser l’ensemble de l’économie canadienne.

Le premier panéliste, l’Ambassadeur de France au Canada, M. Nicolas Chapuis s’est également montré optimiste quant à l’avenir de l’AECG. Il a affirmé que cet accord commercial, en supprimant les barrières tarifaires, serait très rentable et gagnerait à toutes les parties concernées: les États, les entreprises ainsi que les citoyens concernés. Avec un clin d’oeil pas si subtil à nos voisins du sud, il a pressé que l’AECG n’était pas basé sur l’art de l’affaire mais plutôt sur un partage des valeurs entre les pays progressistes et développés. Il a ajouté que pour que l’AECG réussisse, les provinces et les territoires canadiens devraient ratifier leurs mécanismes de commerce intérieur pour permettre la libre circulation des entreprises européennes à travers nos frontières intérieures aux fins de conformité de l’accord.

Mme Candace Sider, notre deuxième conférencière et vice-présidente des affaires réglementaires en Amérique du Nord pour Livingston International, a convenu avec M. Chapuis que l’AECG constituerait probablement le premier de nombreux accords commerciaux semblables. Après avoir exposé en détail les différences importantes entre l’AECG et l’accord actuel de l’ALÉNA, elle a encouragé toutes les entreprises canadiennes à être proactives dans leur internalisation des exigences de l’AECG afin de maintenir un avantage concurrentiel sur leurs concurrents Elle a également précisé que les profits devraient cibler la classe moyenne avant tout.

À la suite de Mme Sider, M. Istvan Mikola, Ministre d’État chargé de la politique de sécurité et de la coopération internationale de la Hongrie, a pris la parole. Il a décrit les avantages potentiels du libre-échange sur les pays à faible population et aux ressources naturelles limitées comme la Hongrie. Tout en appuyant clairement l’AECG, un accord qu’il a appelé un «accord commercial historique», il a également souligné toute l’importance de la sensibilisation nationale lors de la ratification finale de l’accord.

Se rangeant du côté de ses homologues, M. Jakob Von Weizsäcker, membre du Parlement européen pour la Thuringe en Allemagne, a également parlé positivement de l’avenir de l’AECG. Pour lui, l’AECG est un moyen de promouvoir non seulement le libre-échange entre les parties impliquées, mais aussi le commerce équitable, en disant qu’il n’y a aucun raison d’avoir l’un sans l’autre. Il sera ainsi nécessaire de maintenir les mécanismes démocratiques des accords multilatéraux en place pour assurer la viabilité de la dualité entre liberté et équité, à l’ère de la mondialisation. Comme M. Chapuis, il a parlé de l’administration Trump, disant que ses tendances populistes représentaient un changement de jeu pour l’AECG. Plus que jamais, il est nécessaire de prouver qu’en cette période difficile, l’Union européenne était prête à agir de concert avec le Canada et, espérons-le, avec le reste du monde.

Notre cinquième et dernière panéliste, Mme Angella MacEwen, économiste principale au Congrès du travail du Canada, était la voix dissidente de la soirée. Elle a exprimé le fait que l’AECG n’était pas aussi juste ou démocratique que les autres orateurs ont pu laisser entendre, en particulier concernant le nouveau tribunal d’arbitrage. En fait, Mme MacEwen a prévenu les Canadiens d’agir avec prudence concernant l’AECG, affirmant qu’une augmentation des ententes commerciales signées ne correspondrait pas directement à une augmentation du commerce et que les Canadiens pourraient perdre beaucoup sans les mesures protectionnistes adéquates. Elle a plutôt réitéré l’importance de la société civile et des syndicats avant, après et pendant l’élaboration de tout accord commercial, pour qu’il y ait une façon de mettre l’accent non pas que sur les droits des entreprises au Canada, mais aussi sur la responsabilités des entreprises.

Par : Claire Bigand, Présidente de l’Association des étudiants en affaires publiques et internationales.