Rédactrice : Carli Gardner

Les approches multidisciplinaires et interdisciplinaires du personnel de recherche de Glendon face à des problèmes complexes apportent des solutions à des questions d’actualité. Dans le contexte de la COVID-19, nous remarquons l’importance des sciences sociales et humaines pour déterminer et analyser les effets sociétaux de la pandémie au-delà des préoccupations biomédicales.

Professeure Mianda (dessus)
Professeure Shahrokni (dessous)

Deux chercheuses de Glendon, les professeures Gertrude Mianda et Shirin Shahrokni, mènent dans leur discipline respective des recherches qui explorent la discrimination raciale systémique sur différents groupes racialisés au Canada.

Gertrude Mianda est professeure titulaire au sein du programme d’études des femmes et de genre à Glendon. Ses recherches mettent l’accent sur les expériences de discrimination vécues par les immigrants francophones d’Afrique subsaharienne au Canada. Gertrude occupe actuellement le poste de directrice au « Harriet Tubman Institute for Research on Africa and its Diasporas » à l’Université York et elle vise à développer la communauté de l’Institut pour inclure les francophones appartenant aux populations africaines et antillaises.

Shirin Shahrokni est professeure adjointe en sociologie à Glendon. Elle est la chercheuse principale d’un projet de recherche financé par le CRSH sur les trajectoires et les expériences socioprofessionnelles des immigrants francophones à Toronto, par le biais de perspectives raciales et féministes critiques. Shirin est aussi co-chercheuse pour le projet de recherche financé par le CRSH intitulé « Racialization of Asian International Students » (RAIS) (chercheur principal : Jean Michel Montsion). Ce projet examine les expériences de racialisation vécues par les étudiants internationaux asiatiques au sein de cinq universités canadiennes.

Bien que leurs initiatives de recherche soient distinctes, les préoccupations centrales des professeures Mianda et Shahrokni au sujet des répercussions de la discrimination sur des groupes racialisés fournissent des informations et données de recherche pertinentes pour mieux comprendre les effets disproportionnés de la crise sanitaire COVID-19 sur les populations racialisées.

En ce qui concerne l’accès équitable au logement, aux soins de santé et à l’emploi, les professeures Mianda et Shahrokni reconnaissent que la crise sanitaire de la COVID-19 confirme la présence de profondes divisions dans les structures sociales entre les groupes racialisés et non racialisés.

« La COVID-19 a révélé le privilège blanc et la marginalisation des personnes racialisées en Occident », déclare Gertrude Mianda.

Dans ses recherches sur les expériences des immigrants francophones d’Afrique subsaharienne au Canada, la professeure Mianda démontre comment la discrimination systémique de ce groupe racialisé entraîne leur surreprésentation dans des emplois à faible revenu.

Mme Mianda rappelle que les immigrants d’Afrique subsaharienne font partie de la population noire du Canada, un groupe marginalisé par les inégalités structurelles. Leurs postes en première ligne se trouvent donc au bas de l’échelle professionnelle ce qui augmente leurs probabilités d’exposition et d’infection à la COVID-19.

Comme celles de la professeure Mianda, les recherches de Shirin Shahrokni nous éclairent sur les diverses expériences des personnes racialisées et leurs perspectives sur la politique et la planification institutionnelles les concernant.

Dans le cadre de la COVID-19, les recherches de Shirin Shahrokni nous fournissent donc des informations pertinentes sur les inégalités structurelles et les défis particuliers que la pandémie pose aux différents groupes racialisés.

Shirin Shahrokni remarque que les solutions uniformes proposées pour résoudre les problèmes de logement et de soins de santé sont inadéquates, car elles ne prennent pas en compte les différents effets de la COVID-19 sur les groupes racialisés.

« Nous avons évidemment tous entendu et répété à notre tour que nous devions “rester à la maison” », a déclaré la professeure Shahrokni. « Cette requête semble simple et aisée, mais la possibilité de “rester à la maison” pendant une période prolongée avec des activités à l’extérieur limitées n’est pas immédiatement accessible à tous ».

Mme Shahrokni continue de souligner les inégalités dans les structures sociales en mettant en évidence les disparités dans l’accès aux soins de santé pour les groupes racialisés et les populations autochtones. Elle explique également que si la question de l’accessibilité accentue évidemment les répercussions de la COVID-19 sur ces communautés, le sentiment de méfiance de leurs membres vis-à-vis du système de soins de santé représente également un facteur important.

« En raison des manifestations répétées de racisme au sein du système de soins de santé […], dit Mme Shahrokni, de nombreux membres des communautés racialisées et autochtones ont tendance à se méfier et à éviter le recours au système de soins de santé même si leurs conditions médicales nécessitent une assistance ».

On ne peut reconnaître l’existence continue d’inégalités systémiques au sein de la société contemporaine sans engager une discussion au sujet des répercussions de la COVID-19 sur divers groupes racialisés. Le manque de données statistiques racialisées en Ontario joue également un rôle important.

Les différentes contributions érudites des professeures Mianda et Shahrokni sur la discrimination systémique raciale au Canada mettent en lumière les inégalités structurelles vécues par les individus et communautés racialisés, et nous rappellent à quel point cette discrimination est dangereuse et exacerbée en période de crise.

Le Bureau de la recherche et de l’innovation est fier de soutenir les professeures Mianda et Shahrokni et de promouvoir leurs programmes importants de recherche sur ces questions de discrimination raciale qui devraient tous nous inciter à assurer l’équité et l’inclusion dans le système éducatif.