Francois Rocher

François Rocher, École d’études politiques, Université d’Ottawa

Afin de célébrer ses 50 ans, le Collège universitaire Glendon a organisé une journée de discussions sur la francophonie le vendredi 4 décembre. Intitulée Québec-Ontario, cette conférence visait à relever les défis et les opportunités qui se sont présentés après 400 ans d’immigration francophone dans la province. Un de ces panels, La francophonie canadienne et internationale, dirigé par Jean-Louis Roy, président de Partenariat international, journaliste et diplomate, avait comme invités l’avocat Jacques Gauthier, Mohamed Ghaleb du Commissariat aux services en français, Selma Toprak, attachée culturelle du Consulat général de France à Toronto, et François Rocher, professeur titulaire à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa.

Me Jacques Gauthier a pris la parole et a témoigné des accomplissements de la francophonie ontarienne, lui qui a notamment créé, avec l’aide d’autres juristes, Le Guide du Praticien, qui outille les avocats à présenter leurs causes en français.

« J’ai espoir qu’il va y avoir une multiplication d’universités qui vont offrir la possibilité d’étudier le droit civil ou la common law, comme le font déjà McGill et l’Université d’Ottawa », a-t-il souhaité, marquant au passage la situation bi-juridique au Canada. Puis, il a souligné à l’auditoire la création du Lycée français en 1995, dont la fréquentation ne cesse d’augmenter. Il s’inquiète cependant du fait que la francophonie ontarienne dépende de la bonne santé du Québec.

Mohamed Ghaleb a été le deuxième panéliste à s’exprimer sur le sujet. « L’Ontario est pionnière dans l’adoption d’une définition inclusive de ce qu’est un francophone », fait-il valoir. En effet, les gens qui connaissent le français et le parlent à la maison sont maintenant considérés comme francophones même s’il ne s’agit pas nécessairement de leur langue maternelle. « En Ontario, comme partout dans le monde, les francophones sont en pleine croissance », assure-t-il. Il y aurait donc beaucoup d’espoir pour cette communauté. Jean-Louis Roy a tenu tout de même à tempérer cette affirmation, argumentant « l’immense bouleversement linguistique sur le continent africain ». « L’admission de la pluralité des identités linguistiques est un facteur de développement de la francophonie », a expliqué Selma Toprak. M. Roy a appuyé cette affirmation, définissant la francophonie comme « la langue française et ses langues partenaires ».

François Rocher a clôturé le panel, déclarant qu’il faille « comprendre la francophonie internationale dans sa diversité constitutive ». La francophonie ne serait pas un lieu défini et il faudrait la comprendre comme « un projet de reconquête, d’affirmation et de reconnaissance de l’état d’oppression ». Enfin, il a relevé l’importance de son contexte puisque la langue, la culture et l’identité en dépendent. « La francophonie – excepté la France – d’un point de vue politique, est le fait de groupes minoritaires qui se mobilisent dans un contexte, a-t-il ajouté. Elle doit être appréhendée comme une démarche avant de l’être comme une institution », d’où la nécessité de participer à des projets communs avec toutes les francophonies du monde.

Par Gabrielle Drouin, publié dans Le Métropolitain le 31 décembre 2015