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De gauche à droite : (assises) Léonie Tchatat (La Passerelle-I.D.É.), Mireille Paquet (Université Concordia), Jennifer Gray (ministère des Affaires civiques, de l’Immigration et du Commerce international); (debout) Francis Garon (Glendon) et Daniel Salée (Université Concordia).

Dans le cadre de la conférence Québec-Ontario : Où en sommes-nous?, plusieurs anciens titulaires de la chaire des études québécoises se sont succédé au Collège universitaire Glendon pour faire le point sur 400 ans d’immigration francophone dans les provinces de l’Ontario et du Québec.

Quelles sont les évolutions liées aux migrations francophones? Quelles sont les opportunités à venir? C’est une réflexion sur le futur à partir du passé que proposait Glendon dans le cadre de son 50e anniversaire.

L’Ontario est connu pour être la province la plus multiculturelle du Canada. Elle accueille 40 % de l’immigration et 29 % de ses résidents ne sont pas nés dans la province.

Pour autant, l’Ontario semble être en retard sur les sujets d’immigration. Certes, c’est la seule province à avoir des programmes d’immigration dédiés aux francophones mais, si l’on compare la situation ontarienne avec la situation québécoise, les distorsions apparaissent rapidement.

Au cours des années 70 et 80, l’Ontario se pose comme leader sur les questions d’immigration. La province augmente ses services dans le but d’agir pour une « justice sociale ». Cette vision est vite suspendue par le gouvernement Harris (1995-2003) qui met fin aux avancées et tient un discours basé sur la crainte.

Ces années de gouvernance expliquent le retard accumulé par l’Ontario en matière d’immigration. De son côté, la structure de gouvernance en matière d’immigration du Québec semble demeurer stable au fil du temps, étant à la fois efficace et démocratique.

Les deux forces du mouvement communautaire francophone québécois se posent à la fois sur la défense des droits collectifs avec les organismes communautaires et la critique grâce à la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI). Il est à noter la notion d’« interculturalisme » propre au Québec qui dessine également les grands objectifs tels que la sensibilisation à la diversité qui jouera un rôle important pour la migration francophone.

En Ontario, les élections de 2003 et l’arrivée au pouvoir du Parti libéral marquent le retour d’une vision positive de l’immigration. Sous la gouvernance de Dalton McGuinty (2003-2013) passe l’Entente Canada-Ontario qui prévoit une croissance des ressources en matière de services d’établissement et de formation linguistique.

Si l’entente de 2005-2010 n’a pas été renouvelée, le gouvernement fédéral a promis des services en matière d’immigration. L’Ontario compte en effet sur cette dernière pour développer sa croissance. Le Programme ontarien des candidats à l’immigration (POCI) a pour objectif 2500 désignations pour l’année 2015.

Si l’on est bien face à une politique interventionniste, on semble être encore loin de l’ancien concept de « justice sociale » prôné dans les années 1980. Les résidences permanentes du POCI donnant la priorité au « capital humain » (niveau d’études, niveau de langue). L’immigration se posant donc comme une « ressource » pour la province.

Par Laurence Stenvot, publié dans Le Métropolitain le 31 décembre 2015