Titulaire de plusieurs diplômes, Karen Devonish-Mazzotta compte une vingtaine d’années d’expérience en éducation à son actif. Elle insiste toutefois sur le fait que ses élèves sont sa plus grande source d’apprentissage.

Karen Devonish-Mazzotta, BA Linguistique et Sciences du Langage, 1996 et BED Études françaises, 1996

« J’entre dans une relation symbiotique avec les apprenants, et j’apprends autant d’eux, qu’eux apprennent de moi, explique-t-elle. Ce mode d’enseignement transformateur fait appel à la réflexion et à l’autocritique et me permet d’améliorer constamment ma façon d’enseigner ».

Aujourd’hui, Karen est directrice de cours et facilitatrice de stages à l’Université York. La section ontarienne de Canadian Parents for French (CPF) lui a récemment décerné le McGillivray Award. Ce prix est remis aux personnes ayant activement promu le développement de l’apprentissage du français langue seconde (FLS) en Ontario. 

« Je suis heureuse que le français m’ait donné l’occasion d’en apprendre davantage sur la diaspora des communautés noires. Mes enfants sont allés à l’école en Guadeloupe pendant quelque temps. Cette expérience nous a permis de tisser des liens d’amitié durables. »

Au secondaire, des études en architecture ont rivalisé brièvement avec l’idée d’une carrière en enseignement. Karen se sentait dans son élément quand elle enseignait à son église ou lorsqu’elle donnait des cours de piano aux enfants de son quartier, mais elle aimait aussi dessiner. Finalement, l’enseignement l’a emporté sur l’art. Karen a quand même pu satisfaire ses deux passions en s’inscrivant à Glendon pour faire un B. A. en linguistique et un B. Éd. avec une spécialisation en français langue seconde.

« J’ai passé de nombreuses heures dans l’environnement stimulant du magnifique studio qui était alors situé dans la résidence Wood, se souvient Karen. J’y ai exploré une vaste gamme de techniques d’art visuel. Nos œuvres ont été exposées dans le cadre parfait de la Galerie Glendon au manoir. Je ne l’oublierai jamais! »

Sa décision d’étudier à Glendon a été fortement influencée par les bons souvenirs des visites qu’elle rendait à sa sœur Terrie-Lynne sur le campus. Cette dernière étudiait à Glendon lorsque Karen était encore à l’école secondaire. La perspective d’étudier en français sans devoir quitter Toronto était également attrayante. Quand Karen a commencé ses études à Glendon (après avoir passé une année à Trent), elle a été agréablement surprise par l’esprit d’inclusion et de communauté du campus.

« Mes parents sont originaires du Guyana. En tant que famille noire, nous avons grandi dans une communauté multiraciale et plurilingue à Toronto. Sur le campus, j’ai rencontré des étudiants noirs venant des Caraïbes, d’Afrique et d’Europe. À l’époque, je trouvais que Glendon ressemblait à mon quartier, mais avec le bilinguisme français-anglais en plus.

Je pense que les universités sont et continueront d’être des lieux où les étudiants et étudiantes peuvent apprendre, désapprendre, construire, déconstruire, repenser, imaginer, rêver et explorer. À York, j’ai été encouragée à m’engager dans des enquêtes qui m’intéressaient, qui stimulaient ma pensée et qui étaient des actes de résistance contre les idéologies imposées par une pensée institutionnelle rigide. Ici, je me suis vraiment sentie affranchie de l’obligation de garder le silence sur mon expérience en tant que femme noire au Canada par peur du ridicule ou du rejet. Je n’ai jamais ressenti cela sur d’autres campus universitaires. Dans le cadre de plusieurs cours et expériences à York, nous avons célébré et documenté nos réalités grâce à des moyens validés. Dans mon rôle de directrice de cours et facilitatrice de stages, j’essaie de recréer ces conditions pour tous les étudiants et étudiantes en éducation avec qui j’ai l’honneur de travailler.

À Glendon, au cours d’une même semaine, j’ai découvert la sociolinguistique avec Christine Besnard, j’ai déconstruit et réinventé les institutions scolaires avec Didi Khayatt, puis j’ai mis ces idées en pratique en enseignant, apprenant et observant les élèves durant mon stage scolaire, avant de recommencer la semaine suivante. »

En tant que directrice de cours et facilitatrice de stages, Karen souhaite faire preuve de leadership positif et créer un environnement d’apprentissage tout aussi positif pour ses étudiantes et étudiants.

« Je me souviens qu’un jour, un professeur d’éducation a dit : “Les parents d’élèves vous envoient — ‘vous’ signifiant les enseignants — ce qu’ils ont de mieux”. Par conséquent, nous devons traiter tous nos élèves avec sollicitude et dignité, car leurs familles les envoient à l’école en souhaitant le meilleur pour eux. »

En plus de ses diplômes de Glendon, Karen détient une M. A. en apprentissage d’une langue seconde de l’Université de Toronto. Après l’obtention de sa maîtrise en 2001, elle a commencé à postuler pour des programmes de doctorat pour finalement décider de faire cela à la fin de ses 30 ans de carrière en enseignement. Comme elle croit aux vertus de l’approche synergique de l’apprentissage, il lui semble logique de vouloir d’abord passer du temps à apprendre par l’expérience.  

« Je pense que c’est une bonne chose : je ferai mon doctorat plus tard. En tout cas, c’est ce qui est prévu. »

 

 Neya Abdi, BA’16 Études internationales
Publié en Décembre 2020