Le jeudi 27 mars 2014, Pro Tem a tenu avec succès sa première conférence annuelle intitulée Cocktail Journalism: What it takes to Get Into the Mix. Fondé en 1962, Pro Tem a été le premier journal de l’Université York et c’est aujourd’hui le journal bilingue du campus Glendon. La conférence visait à réunir d’anciens étudiants de Glendon qui sont devenus journalistes, éditeurs, réalisateurs de documentaires ou rédacteurs pigistes. L’idée derrière l’événement était d’inviter d’anciens étudiants à Glendon pour qu’ils parlent de leurs expériences dans le secteur du journalisme et des médias, et offrent des conseils aux étudiants actuels.

Six intervenants ont participé à l’événement : John Spears, Ed Drass, Larry Krotz, John King, Christopher Hume, et Charles-Antoine Rouyer.

Six Speakers attended the event (Left)

John Spears, le premier intervenant, a introduit quelques-uns des thèmes récurrents pendant la soirée. Le premier était que « le modèle d’affaires du journalisme est en train de s’effondrer sous nos pieds » pendant que le Web se développe et que les médias sociaux commencent à adopter des caractéristiques qui, auparavant, étaient propres à la télévision, à la radio et aux journaux. Le deuxième thème, qui représente à la fois une mise en garde et un défi, portait sur « le talon d’Achille du journalisme », à savoir que l’« on cherche toujours l’histoire que l’on connaît déjà ». Spears a incité les journalistes en herbe à être aventureux et perspicaces, et à chercher des informations dont il n’a pas encore été question.

Dans sa présentation, Ed Drass a rappelé à l’auditoire comment et pourquoi le journalisme reste, au fond, une entreprise humaine. Depuis son premier emploi de journaliste au journal Excalibur de l’Université York jusqu’à sa rubrique « Traffic Guru » sur le navettage publiée dans le National Post, il a bâti sa carrière en parlant aux gens et en établissant des relations avec eux. Il a conseillé à l’auditoire de ne pas perdre de vue l’élément humain qui existe dans le journalisme et les médias.

Christopher Hume a présenté, avec un certain humour, les réalités du travail de journaliste : « C’est ou le meilleur emploi du monde, ou le pire emploi du monde. […] Si vous ne désirez pas vraiment ce travail, ne le faites pas. » Pour ceux qui ne poursuivent pas le journalisme sans réserve, la profession peut devenir exténuante et très contraignante. Mais pour ceux qui sont déterminés, c’est un métier passionnant. « On parle de ce en quoi on croit », a-t-il dit en expliquant que c’est cet aspect essentiel qui fait de l’université un bon point de départ dans le journalisme : à l’université les étudiants commencent à découvrir les idées qu’ils défendent.

Larry Krotz et John King, qui se sont rencontrés le premier jour de leurs études à Glendon, ont décrit les changements qui sont survenus dans le secteur et les défis à relever. John King s’est remémoré son travail de directeur et rédacteur en chef de Pro Tem, et les défis que présentait alors la technologie par rapport aux défis qu’elle apporte aujourd’hui. Leur présentation a souligné comment la technologie façonne l’avenir du secteur du journalisme. Aujourd’hui, un journaliste n’écrit pas simplement des nouvelles. Il y a des vidéos à filmer et des pages Facebook à tenir à jour ainsi que des fils Twitter à actualiser toutes les heures. King a déclaré : « Si je débutais maintenant dans la profession, je serais terrifié. Mais si je débutais maintenant et que j’avais vingt ans, je ne pense pas que cela me ferait peur. » Selon Krotz et King, ce n’est pas la première fois que le secteur du journalisme subit des transformations majeures, « et nous nous y sommes toujours adaptés ». Le paysage changera encore et les futurs journalistes relèveront les nouveaux défis et s’adapteront à leur nouvel environnement.

Finalement, Charles-Antoine Rouyer a donné une présentation axée sur la métaphore de l’information comme nourriture (« food for thought »). « Nous sommes des cuisiniers », a-t-il dit en parlant des journalistes et d’autres professionnels du secteur des médias. « C’est ça le rôle des médias dans le monde. » Il a déploré le fait que les médias sociaux, qui prennent la place des services d’informations bien établis, créent de plus en plus de « fast-food for thought ». Si une personne s’informe seulement sur Twitter, Facebook ou Tumblr, elle s’enferme dans une petite bulle. « La technologie, ce n’est pas tout », a-t-il dit, avant de mettre l’auditoire en garde contre la capacité d’attention limitée que les gens développent aujourd’hui à cause du raccordement constant à la technologie. « Accomplir plusieurs tâches en même temps? Moi, je n’y crois pas. […] Réapprenez à être capable de vous concentrer. »

Alumnis answering questions (Left)

Après les présentations, les anciens étudiants se sont mêlés aux participants pour répondre à leurs questions sur leurs présentations et partager d’autres expériences concernant leurs carrières. Ensuite il y a eu une séance de questions-réponses, durant laquelle le principal de Glendon, Kenneth McRoberts, a posé une question intéressante : « Comment voyez-vous l’avenir de la presse écrite? ». La réponse a été presque unanime : le support de diffusion – sur papier ou en ligne – n’est pas important; c’est le format du journal qui restera important. John King a déclaré que ce qu’une personne achète vraiment quand elle s’abonne à un journal, c’est le « jugement » de l’équipe éditoriale—avec les centaines de millions d’articles sur le Web à propos de n’importe quel sujet de A à Z, on ne peut simplement pas tout lire. Les journaux, qu’ils soient imprimés ou en ligne, nous offrent une sorte de filtre fiable.

Les intervenants ont convenu que c’est avant tout pour cette raison que le journalisme reste important aujourd’hui et qu’il demeure une entreprise humaine. Le monde est en constante évolution et les journalistes sont chargés de donner un sens à chaque nouvelle transformation. « Votre article sera dans le journal demain—et le lendemain, ce journal servira à emballer du poisson ! », a dit Christopher Hume. « Chaque jour nous donne l’occasion d’être brillants, d’être intelligents et de donner du sens et de l’importance à quelque chose qui semble dépourvu de signification ». Chaque nouvelle, chaque rubrique et chaque article vise à mieux faire comprendre le monde.

Article : Sienna Warecki, rédactrice adjointe-anglais, Pro Tem
Traduction : Gervanne Bourquin, rédactrice adjointe-français