Timothy MacKeyDepuis septembre dernier, Timothy Mackey, fonctionnaire au Ministère des Affaires étrangères, Commerce et Développement du Canada (MAECD), a été « fonctionnaire-en-résidence» au Collège universitaire Glendon, plus précisément à l’École des affaires publiques et internationales (EAPI). Dans un entretien récent avec le Magazine de Glendon, M. Mackey a accepté de parler de son expérience.

Selon lui, il avait trois priorités pour les activités qu’il souhaitait réaliser à l’EAPI durant cette année qui s’achève. D’abord, l’enseignement. Il a donné un cours avec le directeur du programme de maîtrise appelé « Le rôle du Canada dans le monde ». Ce cours est obligatoire pour les étudiants de première année à la maîtrise en affaires internationales. Il vise à susciter des débats sur les plus grands défis auxquels le Canada fait face au plan de la politique publique en affaires domestiques et internationales.

Dans le cadre de ce cours, des hauts fonctionnaires ou des politiciens, donc des gens qui jouent ou qui ont joué un rôle important dans la vie publique au Canada sont invités à rencontrer les étudiants et à dialoguer avec eux. Par exemple, cette année dans les colloques de l’EAPI, Marie-Lucie Morin est venue parler aux étudiants. Elle a été sous-ministre du Commerce international, conseillère en sécurité nationale auprès du premier ministre. Son dernier poste dans la fonction publique a été celui de directrice exécutive pour le Canada, l’Irlande et les Caraïbes à la Banque mondiale. Les étudiants ont aussi pu rencontrer David Mulroney, ancien ambassadeur du Canada en Chine et qui a également dirigé l’équipe interministérielle au sein du Bureau du Conseil privé sur l’engagement canadien en Afghanistan. Il y a eu d’autres invités de marque, tels Paul Heinbecker, ancien ambassadeur du Canada à l’ONU, Pierre Pettigrew, ancien ministre des Affaires étrangères et du Commerce international, entre autres.

De leur côté, les étudiants ont à préparer des mémorandums d’action ou des mémorandums de breffage comme travaux pratiques. Cela les aide à développer ce que Tim Mackey appelle leur « literacy in public policy tools », c’est-à-dire leur familiarité avec les outils de la fonction publique. Cet apprentissage leur permet de faire la transition vers des stages et possiblement vers des emplois permanents dans la fonction publique fédérale ou provinciale.

Le second objectif d’un fonctionnaire-en-résidence, selon Tim Mackey, fut de contribuer au renouvellement de la fonction publique fédérale. Cet objectif a deux volets. D’abord, promouvoir la recherche sur les défis auxquels fait face la fonction publique, donc faire des présentations sur les enjeux qui confrontent cette fonction publique, et deuxièmement, contribuer au recrutement de la fonction publique en général et au service à l’étranger en particulier. Dans ce contexte, Tim Mackey a cherché à encourager des étudiants à faire des stages dans son ministère en les aidant à trouver ces stages en les mettant en contact avec des gestionnaires non seulement dans son ministère, mais aussi ailleurs dans la fonction publique. Pour ce faire, Tim Mackey les a conseillés sur leur CV, les a aidés professionnellement à se préparer pour des entrevues. Cette année plusieurs étudiants de Glendon seront en stage dans la fonction publique fédérale, dont au moins trois au MAECD incluant deux dans des ambassades canadiennes à l’étranger (au Vietnam et en Hongrie).

Enfin, le troisième objectif de Tim Mackey en sa qualité de fonctionnaire-en-résidence à Glendon a consisté à engager les gestionnaires de la fonction publique fédérale dans un processus de réflexion sur les enjeux de la fonction publique. Comme il le rappelle, le Greffier du Conseil privé a entamé un processus qui s’appelle « Objectif 2020 ». À son niveau, Tim Mackey contribue à cet effort en cherchant à voir, du côté des étudiants, ce qu’on peut faire maintenant, en 2014, pour les recruter. « Peut-on faire les choses différemment pour mieux intégrer les étudiants, pour faire un meilleur recrutement dans les universités ou dans les écoles un peu comme ici à Glendon ? », se demande-t-il.

Pour Tim Mackey, les hauts gestionnaires de la fonction publique du Canada sont conscients qu’il faut mettre l’emphase sur cette question. Deux axes d’action ont établis pour soutenir cet effort, soit d’une part le programme des fonctionnaires-en-résidence, et d’autre part, le réseau des sous-ministres qui sont «champions» pour des universités. Pratiquement, presque chaque sous-ministre est responsable pour une université au Canada. « On ne les couvre pas toutes, mais peut-être 30 ou 35 », précise-t-il. Ces sous-ministres travaillent pour promouvoir le recrutement dans les universités, pour tisser des liens, en somme, pour faire à peu près ce que fait un fonctionnaire-en-résidence, mais à un plus haut niveau. Donc, pour Tim Mackey, une partie de son travail consiste à soutenir la sous-ministre «championne» pour l’Université York,  Hélène Gosselin. Il rappelle qu’un des invités qui a été reçu dans un colloque de l’EAPI était un directeur général du Ministère d’Emploi et Développement social, Tony Giles, qui est venu entretenir les étudiants des possibilités d’emploi dans la fonction publique de même que des sujets de la politique publique relatifs aux questions du travail au Canada.

Un programme spécifique

Au cours de l’entrevue, Tim Mackay a précisé qu’il a découvert le programme des fonctionnaires-en-résidence au sein de la fonction publique fédérale pendant une discussion avec Alex Himelfarb, directeur de l’EAPI et ancien Greffier du Conseil privé. Ce programme est coordonné par l’École de la fonction publique. Au terme d’une année universitaire à exercer cette fonction de fonctionnaire-en-résidence, il fait un bilan très positif de son expérience.

Ainsi, il demeure étonné de la grande source de satisfaction qu’a été pour lui le travail avec les étudiants. « Être dans un groupe de jeunes étudiants passionnés, remplis d’idées et d’enthousiasme pour ce qui est du Canada, son avenir, des façons de l’améliorer, tout cela m’a donné beaucoup d’énergie et de satisfaction », dit-il spontanément. Tim a aussi apprécié ce qu’il appelle « la chance » de travailler avec de très bons professeurs, de hauts fonctionnaires et de vrais intellectuels comme le principal Kenneth McRoberts, Alex Himelfarb, Michael Barutciski, directeur du programme de maîtrise et Roberto Perin, l’ancien directeur du même programme.

À son avis, ce qui l’a le plus servi pour faire ce travail de fonctionnaire-en-résidence, c’est la réalité du travail dans la fonction publique fédérale, plus précisément dans son  ministère. En effet, dans ce ministère, le changement de poste survient à chaque deux ou trois ans. Tim, entré au ministère en 2006, a eu deux affectations distinctes avant de partir en Turquie. Puis, il est revenu, a travaillé dans le bureau du ministre, puis pour le sous-ministre en tant que conseiller. Pour lui, ce fut ce processus de renouvellement à chaque fois, la chance d’apprendre de nouvelles choses, de faire face à des défis constamment renouvelés. Il ajoute : « J’adore cela, apprendre, et donc pour moi, c’était un peu naturel de venir à une École d’affaires publiques et internationales.» Tim Mackey aime apprendre et faire apprendre, et c’est ce qu’il a réalisé au cours de la dernière année. Pour lui, c’est cette obligation de se réinventer périodiquement qui rend le travail aussi fascinant, et c’est ce qu’il a voulu transmettre aux étudiants.

Il conclut : « Ceux-ci ont entre 23 et 30 ans, et ils se demandent constamment ce qu’ils vont faire après leur maîtrise. Je leur conseille, en gardant les deux pieds sur terre, de suivre leurs intérêts, parce que s’ils suivent leurs intérêts, s’ils continuent d’apprendre et de faire face aux défis de la vie personnelle et professionnelle, ils seront toujours engagés, ils seront toujours intéressés, ils vont faire du bon travail et ils vont aimer ce qu’ils feront ».

 

Par Michel Héroux