La cityonneté à plusieurs niveaux

De gauche à droite : Patricia Mindus de l’Université d’Uppsala, Willem Maas de Glendon et Ettore Recch de Sciences Po à Paris

 

À l’occasion de la présidence italienne de l’Union européenne, l’Istituto Italiano di Cultura en collaboration avec le Collège Glendon a présenté une table ronde à la fois d’actualité et intéressante en septembre dernier à Glendon réunissant trois experts reconnus dans le domaine de la citoyenneté.

Ces trois experts, Willem Maas de Glendon, Patricia Mindus de l’Université d’Uppsala, et Ettore Recchi de Sciences Po à Paris, ont décortiqué les réalités et les problèmes soulevés par la citoyenneté à plusieurs niveaux dans des ensembles fédérés comme le Canada et l’Union européenne.

Ouvrant la discussion, le professeur Willem Maas a souligné que la mobilité est politiquement importante en raison des questions de status, des droits et de la communauté. Quand on se penche sur la gouvernance à plusieurs niveaux et interne de cette mobilité, on note une dichotomie entre les citoyens avec des droits et les étrangers sans droits, quoique cette distinction peur être simpliste et pas toujours exacte. Les états comme le Canada, les États-Unis et l’UE garantissent la mobilité interne des citoyens en théorie, a-t-il rappelé, mais pas toujours en pratique. Sur la mobilité, le professeur a cité les cas de l’Inde, de l’Espagne et de l’Allemagne avant de s’attarder sur la question de la mobilité interne au Canada. Suite à la Charte canadienne des droits et libertés (1982) et à l’Accord-cadre sur l’union sociale (1999) au Canada, tous les gouvernements estiment que la liberté des Canadiens à poursuivre leurs activités partout au Canada est un élément essentiel de la citoyenneté canadienne. En conclusion, le professeur a rappelé que la relation entre le fédéralisme et la citoyenneté est une question complexe et fascinante, et requiert d’être davantage étudiée.

La professeure suédoise Patricia Mindus a aussi, évoqué les problèmes liés à une citoyenneté à plusieurs niveaux. Pour elle, le concept de citoyenneté ouvre la voie à la fois à l’inclusion et à l’exclusion. Le débat autour de cette question ne fait que grandir, a-t-elle affirmé. Car quand on parle de citoyenneté, il faut aussi parler des gens qui en sont exclus, de ceux qui sont apatrides ou étrangers. La citoyenneté soulève aussi les questions de la cohésion sociale, de la légitimité démocratique et de l’état de droit. Lorsqu’on considère les questions des apatrides, de la citoyenneté multiple, du marché noir des documents d’identité, du trafic d’êtres humains, on en en droit de se demander si aujourd’hui, le passeport valide ne serait pas devenu la partie la plus noble de l’être humain’

Enfin, le professeur Ettore Recchi a expliqué que puisque les droits à la libre circulation au sein des pays membres de l’Union européenne (UE) sont bien établis, l’Europe est devenue, comme il le dit lui-même, « mobile ». Selon ses recherches, 3 % des Européens de l’UE ont construit leur vie sur cette mobilité: ce sont les migrants intraeuropéens. De plus, 15 % des citoyens européens se prévalent largement de la liberté de circuler, ayant vécu plus de trois mois dans un autre pays d’Europe. Enfin, plus de la moitié des citoyens européens ont utilisé cette mobilité pour visiter un autre pays de l’Europe au cours des dernières années (54 %), ou encore sont familiers avec un autre pays de l’Union (56 %). Pour Ettore Recchi, les Européens fédéralisent davantage leurs pratiques sociales que l’UE ne le fait au plan politique.

Multilevel Citizenship in Canada photo

De gauche à droite : Giorgio Visintin, président de la Chambre italienne de commerce de l’Ontario, Lars Henriksson, consul honoraire de Suède, Adrianna Frisenna, directrice intérimaire de l’Institut culturel italien du Consulate italien, Donald Ipperciel, Principal de Glendon

 

Cette table ronde a été rendue possible grâce à la collaboration de l’Institut culturel italien du Consulat italien, représenté par sa directrice intérimaire Adrianna Frisenna, avec le professeur Willem Maas de Glendon.

Par Michel Héroux