À quoi ressembleront les programmes d’enseignement du Collège Glendon au cours des prochaines années ? Le Collège songe-t-il à modifier son orientation de « Liberal Arts college », de concentration en sciences humaines et sociales ?

Pour répondre à ces questions, l’E-magazine du Collège a interviewé M. Jerzy Kowal, Principal adjoint aux affaires académiques et à la recherche.


Lorsqu’on regarde la palette des programmes de Glendon, on voit bien que le Collège est un « Liberal Arts College », un établissement voué à l’enseignement et la recherche en sciences humaines et sociales. Est-il question de modifier cette orientation ?

JK : Depuis sa fondation, Glendon a toujours été un collège « d’arts libéraux ». Peut-être qu’à l’époque la définition de ce qu’étaient les collègues d’arts libéraux était plutôt limitée, mais pour nous, ça veut dire tout simplement sciences humaines et sciences sociales, et cela ne changera pas.

Glendon se définit, à juste titre, comme « bilingue et francophone ».  Comment cela aide-t-il Glendon à se positionner dans l’univers de l’enseignement supérieur à Toronto ou dans le Sud-Ouest de l’Ontario ?

JK : Il y a deux réponses à cela. D’abord, mettant de côté pour un moment la question de la langue, Glendon comme faculté universitaire est un petit établissement dans un environnement séduisant. Un collège de petite taille, c’est très attirant dans le Sud de l’Ontario, car les autres établissements universitaires sont plutôt de grande taille. Ici, je connais tous les étudiants par leur nom; souvent, je connais leurs problèmes, c’est presqu’une famille. C’est la même chose pour les employés. Deuxièmement, il y a Glendon comme institution bilingue et francophone. Pour l’instant, nous sommes la seule université de ce type dans le Sud-Ouest de l’Ontario. On dessert donc la clientèle francophone si elle veut venir étudier en français. Chez nous, ce qui est très beau, c’est que l’éducation est bilingue et qu’on ne peut pas faire un diplôme dans une seule langue. Il faut avoir suivi les cours dans les deux langues officielles du pays. C’est tout-à-fait unique.

Un des atouts de Glendon, c’est son pouvoir d’attraction auprès de finissants anglophones du secondaire plutôt « francophiles » (ou bilingues) et d’étudiants francophones d’Ontario et même du Québec. Qu’est-ce que vous entendez faire au plan des programmes pour accroître cette « attractivité » de Glendon ?

JK : Il y a encore pas mal de programmes qu’on pourra offrir. Mais tout cela nous ramène à la question de l’argent. Avec l’appui du gouvernement provincial, on pourra offrir davantage de programmes. Ces nouveaux programmes, compte-tenu du mandat du collège, devront toujours être bilingues. À cet égard, offrir les cours comme tels n’est pas très compliqué parce que le plus souvent, nos professeurs parlent au moins deux langues. Ce qui pourrait être problématique, par exemple en sociologie, c’est que les approches en français et en anglais de l’enseignement en sociologie sont différentes. C’est là où moi, personnellement, je vois les problèmes. De plus, qu’il s’agisse de l’énoncé du cours ou des dépliants de promotion, tout doit être dans les deux langues. Il y a deux clientèles différentes et les documents devront être écrits différemment, ce qui demande du personnel maîtrisant les deux langues pour faire cette rédaction. Quand c’est bilingue, c’est toujours le double.

Est-ce que le collège Glendon, en raison de son mandat bilingue et francophone, reçoit une aide spécifique du gouvernement de l’Ontario ?

JK : Le Gouvernement de l’Ontario reconnaît déjà le volet francophone du Collège en donnant à Glendon un certain financement pour pouvoir donner des cours en français à un nombre d’étudiants moindre que celui dont on aurait besoin pour offrir le cours en anglais. Il y a un appui : il faut le dire et le reconnaître.

Pour l’ensemble de vos programmes, comment envisagez-vous leur développement futur (développement aux études supérieures, enseignement à distance, formation continue, autres) ?

JK : Pour grandir, il nous faut attirer davantage d’étudiants et donc avoir une palette élargie de programmes. Souvent, ce qui arrive, c’est que le marché du travail a besoin de telle ou telle profession nouvelle. L’université va devoir anticiper ces futures créations d’emplois. Ce que l’étudiant apprend ici au travers des arts libéraux, c’est un esprit critique, un esprit d’analyse et avoir une ouverture d’esprit et une ouverture sur le monde. Notre étudiant aura la formation générale requise pour occuper n’importe quel emploi. Quant à la formation spécifique à son emploi, il pourra toujours prendre quelques cours spécialisés, ou encore c’est l’entreprise qui la lui fournira. On examine donc ce que nous offrons pour aller là où se trouvent nos forces, pour développer encore plus ces forces pour que ça aboutisse à de nouveaux programmes.

Ce qui est aussi nouveau, c’est que le gouvernement de l’Ontario veut que les universités collaborent avec les collèges. Cela ouvre de nouvelles possibilités de programmes « passerelles » d’un trimestre, par exemple, de propédeutique ou de préparation pour que l’étudiant du collégial puisse continuer au niveau universitaire.

Quant l’enseignement à distance, ce ne sont pas tous les programmes qui se prêtent à ce mode d’enseignement.  À Glendon, ce qui fonctionne très bien, c’est le programme de traduction. On vient d’ouvrir un programme ‘en ligne’ d’interprétation des conférences. C’est un programme de maîtrise, un programme professionnel où la première année se fait exclusivement en ligne, ce qui veut dire que les étudiants peuvent venir de n’importe où au Canada ou dans le monde. Mais la deuxième année doit se faire sur place, en format présentiel.

Y a-t-il des champs disciplinaires nouveaux dont vous souhaitez le développement justement pour accroître votre palette de programmes de sciences humaines et attirer davantage d’étudiants ?

JK : Dans le cadre de notre collaboration avec les collèges et les programmes passerelles, on pense par exemple à tout ce qui touche à la communication où nous avons déjà une expertise. Nous avons déjà nombre de certificats en communication, en rédaction professionnelle. En se basant sur nos forces, nous pourrions songer à développer des programmes de communication que nous n’avons pas encore.

Et en conclusion…

JK : Chez nous, comme nous sommes petits et que nous connaissons nos forces, c’est toujours un peu plus facile d’anticiper l’avenir. Et c’est cela, la beauté d’un collège de petite taille comme Glendon parce que ici aussi, nous avons de la place pour grandir. Et c’est pour cela que le travail de principal adjoint à l’enseignement  et à la recherche est un très beau travail car il y tant de choses qu’on peut faire encore !

Un grand merci !

 

Propos recueillis et édités par Michel Héroux