Claude Tatilon nous a quittés samedi, le 27 avril. Il était chez lui, entouré de ses proches. Il avait, quelques jours auparavant, relu les épreuves de son tout dernier roman, Une fleur au fusil (Éditions du Gref). Une messe sera célébrée à sa mémoire samedi, le 4 mai, à 16 h, en l’église St-Louis-de-France (1415, Don Mills Rd – accueil dès 15 h 30).

Vient de disparaître le linguiste, le traducteur, l’écrivain, le pédagogue, mais aussi et surtout l’ami chez qui nous trouvions tous, en tout temps, chaleur, gentillesse, délicatesse… et humour. Cet humour « en coin » qui allégeait cours et réunions, cet humour qui permettait de remettre en perspective les difficultés de la vie dans tous les domaines, un humour souvent empreint de cette légère ironie dont il cultivait, inlassablement, ce qu’elle pouvait recéler de sagesse et d’élégance. À l’instar de Brassens, qu’il admirait tant, Claude Tatilon apprivoisait en effet avec bonheur la légèreté de l’âme et le sérieux des propos. Lui aussi aimait les mots, leur musique, leurs espiègles méandres. Tout comme il aimait les plaisirs de la vie, qu’il partageait avec ceux qui l’entouraient, en toute humilité.

Claude, c’était aussi Marseille, la Provence, le soleil… et l’accent. Nous appréciions tous sa loyauté à ses racines marseillaises et à ses maîtres, tel Georges Mounin sous la direction de qui il avait soutenu son doctorat et avec qui il était resté en étroit contact jusqu’à son décès en 1993 (il se plaira même à dialoguer avec lui dans Une fleur au fusil).

Arrivé au Département d’études françaises de Glendon en 1972, Claude Tatilon s’était rapidement consacré à la mise sur pied de cours de traduction puis, en 1979, d’un baccalauréat en traduction, qui deviendra vite l’École de traduction, conformément à l’appellation consacrée. Toujours très impliqué dans la vie académique du Collège, il organisera des colloques internationaux dont le XIVe Colloque international de linguistique fonctionnelle en 2000, faisant ainsi connaître aux linguistes canadiens l’activité et les idées du groupe de fonctionnalistes français où il œuvrera toute sa vie, sous l’égide d’André Martinet. Claude Tatilon sera également directeur du Programme de maîtrise en traduction et directeur du Département d’études françaises.

Nous devons aussi à Claude Tatilon de très nombreux articles et plusieurs ouvrages scientifiques, dont Sonorités et Texte poétique (1976), Traduire : pour une pédagogie de la traduction (Gref, 1987), Écrire le paragraphe (Gref, 1997) et un recueil de textes de Georges Mounin, Travaux pratiques de sémiologie générale (Gref, 1994).

Il a par ailleurs publié de nombreuses traductions dans des domaines aussi variés que les beaux-arts, la littérature, la publicité… Son plus récent ouvrage est la traduction du livre de Henry Schogt, Le Rideau (1939-1945) : souvenirs des années de guerre dans la Hollande occupée (The Curtain, 1939-1945. Witness and Memory in Wartime Holland).

Enfin, Claude Tatilon est l’auteur de quatre romans : Helena (1991 ; nouvelle édition 2007), Les Portugaises ensablées (2001 ; finaliste du Prix des lecteurs Radio-Canada) et La Soupe au pistou (2009 ; prix littéraire Christine-Dumitriu-Van-Saanen 2010 ; publié en anglais sous le titre A Pinch of Time, 2010). Son tout dernier roman, Une fleur au fusil, est actuellement sous presse aux Éditions du Gref : une publication rendue possible par ses très nombreux amis, collègues et étudiants qui tenaient à lui exprimer ainsi leur attachement et leur admiration.