Un cours d’éducation expérientielle conduit des étudiants de Glendon en Espagne

Professeur Alejandro Zamora, directeur des études hispaniques à Glendon, a découvert que l’enseignement d’un nouveau cours d’éducation fondée sur l’expérience peut le faire sortir de sa zone de confort pédagogique et aborder une perspective nouvelle et enthousiasmante en matière d’enseignement et d’apprentissage. Passionné de poésie, de littérature et de récits de vie, Alejandro Zamora, professeur adjoint de littérature hispanique et directeur des études hispaniques à Glendon, a découvert que l’enseignement d’un nouveau cours d’éducation fondée sur l’expérience peut le faire sortir de sa zone de confort pédagogique et aborder une perspective nouvelle et enthousiasmante en matière d’enseignement et d’apprentissage.

Alejandro Zamora

Intitulé Géopoétique hispanique : sur le terrain du territoire, de l’identité, de la littérature et de l’art, ce nouveau cours a été élaboré grâce à une subvention de lancement du Fonds d’innovation académique accordée en 2017. Comme l’explique Zamora, ce cours « porte sur le lien entre littérature et spatialité, soit la manière dont un espace et un environnement influencent un auteur, mais aussi la façon dont la littérature peut permettre une cartographie des espaces réels et imaginaires avec lesquels nous interagissons. »

Le cours comporte deux parties. La première se déroule en classe et explore ce lien pour un auteur donné et un espace donné ; la seconde consiste en une mission internationale, sur le terrain même de l’espace envisagé.

 

Les étudiants du cours de géopoétique hispanique se sont rendus à Séville (Espagne) pour découvrir le lieu de naissance du poète Luis Cernuda.

« Ce cours m’a stimulé de bien des manières », affirme Zamora. « Je viens d’une discipline « du livre » (la littérature) où tous les événements du récit sont contenus entre la première et la quatrième de couverture. Il n’y a pas de mission sur le terrain ; nous ne colligeons pas de données à l’extérieur des bibliothèques. Les interactions humaines se déroulent toujours autour des livres, par le biais des logos, par la voie d’une pensée et donc d’une langue articulée, en général en position assise, et face à un enseignant expert de la matière du cours.

Le cours de géopoétique hispanique met à mal ce modèle. Dans la perspective étudiée en effet, un lien direct existe entre la littérature et d’une part un espace défini, d’autre part un environnement donné. Pour analyser la littérature elle-même, les étudiants doivent ainsi parcourir la ville à pied, faire attention à l’environnement, réfléchir à la manière dont ils interagissent avec l’espace – réel ou imaginaire – et envisager les identifiants spatiaux, passés et présents, de leurs propres identités (une maison, une cuisine, une cour d’école, etc.).

Lors de la mission internationale de terrain du cours de géopoétique, les étudiants de Glendon ont apprécié les merveilles historiques de Séville.

Même si la méthodologie et les sources secondaires restent importantes, la réflexion des étudiants sur leur expérience de l’espace se situe au premier plan dans leur approche de la littérature. Ce modèle bouscule la hiérarchie des connaissances acquises en classe. « Dans la mesure où les étudiants contribuent beaucoup aux connaissances produites en classe, la production collective d’un savoir fondé sur le partage d’expériences et de lectures, et sur des interactions plus horizontales que verticales, s’assimile davantage à celle d’une communauté de pratique », explique Zamora.

Après avoir marché, observé et réfléchi à travers le prisme des textes littéraires qu’ils étudient, les étudiants viennent au cours avec tout un ensemble d’idées et de réflexions. « Au-delà des textes écrits, ce matériel est intégré à l’objet de nos discussions et de notre apprentissage », explique Zamora. « C’est à la fois difficile et très enthousiasmant. Je pense que, s’ils en ont la possibilité, tous les étudiants aiment participer à la production du matériel de cours et partager la responsabilité de sa qualité. »

« J’ai vraiment beaucoup aimé enseigner ce cours », ajoute-t-il.

Les étudiants suivaient un ensemble de cours classiques (fondés sur la lecture de comptes rendus et des présentations orales), mais avaient également la possibilité de réaliser, selon la nature de leur projet, un journal de voyage, un reportage photo, un blogue, une chronique ou un documentaire, et ce de manière individuelle ou collective. Le point fort du cours était une mission sur le terrain à Séville (Espagne) durant 15 jours.

Séville est le lieu de naissance du poète Luis Cernuda (1902-1962), qui a vécu en exil la plus grande partie de sa vie et a écrit sur sa ville de façon obsessionnelle », explique Zamora. « Non seulement les étudiants ont appris sous quelle forme Cernuda imaginait sa ville et comment cet imaginaire a modelé sa mémoire et sa poésie, mais ils sont également partis en mission sur le terrain pour approfondir cette enquête. Une fois sur place, ils devaient déterminer comment glaner des connaissances à l’extérieur d’établissements conventionnels et familiers, comment colliger des données pertinentes pour leur projet, et comment travailler ensemble. Ils ont fait face à de nombreux défis, auxquels ils ont dû apporter des solutions créatives. Ils ont dû sortir de leur zone de confort, se rendre compte de leurs présupposés culturels, remettre en question ces présupposés, mais aussi passer d’une langue à l’autre et intervertir les codes socioculturels.

À Séville, les étudiants se sont rendus à la maison du poète, dans les parcs qu’il a évoqués dans ses écrits, ainsi que dans les quartiers et les rues, les cafés, les écoles et les institutions qu’il a fréquentés, pour comprendre dans quelle mesure ces espaces sont imaginaires ou réels, et comment interagissent la mémoire, l’espace et la subjectivité dans un travail littéraire.

 

 

À Séville, les étudiants ont dû appliquer les théories et les méthodologies approfondies lors du cours de Zamora aux lieux et aux thèmes du travail de Cernuda. Ils se sont rendus à la maison du poète, dans les parcs qu’il a évoqués dans ses écrits, ainsi que dans les quartiers et les rues, les cafés, les écoles et les institutions qu’il a fréquentés, pour comprendre dans quelle mesure ces espaces sont imaginaires ou réels, et comment interagissent la mémoire, l’espace et la subjectivité dans un travail littéraire. Ce faisant, ils ont développé de nouveaux liens et de nouvelles amitiés, et appris l’importance de la coopération et la nature collaborative du savoir.

« J’espère qu’ils ont également accru leur capacité d’agir comme producteur de savoir dans un cadre d’apprentissage donné, qu’il s’agisse d’une classe, d’une mission sur le terrain, ou encore d’une séance ou d’un atelier de formation », poursuit Zamora, qui fait remarquer que cette expérience a permis aux étudiants de comprendre que l’apprentissage ne se limite pas à un simple transfert de connaissances, mais qu’il s’agit d’une expérience beaucoup plus holistique et sociale.

De retour à Toronto, Zamora a organisé une réunion informelle, point fort du cours, où tous ont partagé leurs projets, leurs expériences…et des tapas maison !