Appel à communications

Le 13e colloque annuel des études supérieures en traductologie de Glendon

Campus Glendon, Université York (Toronto)

Du 14 au 15 avril 2023 

Appel à communications

La traduction et les voix inconnues et méconnues

Au cours des dernières décennies, les voix inconnues et méconnues ont fait l’objet de préoccupations croissantes et de nombreuses recherches dans une diversité de disciplines. Ce terme est utilisé pour désigner les voix qui sont ignorées ou négligées, que ce soit délibérément ou non, y compris celles de communautés qui ont été marginalisées dans différents contextes, notamment la langue, la communication, la dissémination du savoir, l’élaboration de politiques, l’accès aux ressources, etc.

Le Programme des Nations Unies pour le développement a défini la marginalisation comme « l’état d’être considéré insignifiant, indésirable, indigne et différent, ce qui entraîne l’iniquité, l’injustice, la privation et le manque d’accès au pouvoir dominant » (Messiou 11). Selon Neil Harrison et Graeme Atherton, le fait que certains groupes puissent être « marginalisés plus passivement par l’indifférence collective, par des systèmes bureaucratiques insensibles ou par des exclusions indirectes du pouvoir qui ne sont pas appliquées, néanmoins omniprésente » (3) élargit la description. La marginalisation, du point de vue des personnes marginalisées, est également une expérience subjective : « avoir le sentiment de ne pas être à sa place et, ce faisant, avoir l’impression de n’être ni un membre apprécié d’une communauté ni capable d’apporter une contribution valable au sein de cette communauté ni capable d’accéder à la gamme de services et/ou de possibilités offertes aux autres » (Mowat 457).

En traductologie, comme dans d’autres domaines et disciplines, la question des « voix inconnues et méconnues » et de la marginalisation a été abordée de différentes manières et sous différents angles. Par exemple, la théorie du polysystème d’Itamar Even-Zohar a abordé la distinction entre le centre et la périphérie et la compétition pour la domination entre des systèmes distincts en interaction (Shuttleworth 420). D’après cette perspective, la traduction est intégrée dans un polysystème ou un « système de systèmes », c’est-à-dire « un ensemble stratifié et multiniveau où les relations entre le centre et la périphérie sont une série d’oppositions » (Even-Zohar 88). D’autres théoriciens et théoriciennes ont également exploré la traduction, les asymétries de pouvoir et la marginalisation. Par exemple, la penseuse, écrivaine et traductrice Gayatri Chakravorty Spivak, qui a étudié la traduction et la politique, nous rappelle « que le subalterne, aux marges de l’histoire, situé dans la langue, n’est pas généralisable » (165-166). Ainsi, nous devons porter une plus grande attention aux différentes communautés, à leur situation et aux relations entre les langues et les traductions qui les affectent.

Dans le cadre du colloque de cette année, nous vous invitons à partager vos recherches sur la marginalisation par rapport à l’interprétation et la traduction de textes, les représentations multimodales, de spectacles et d’autres échanges interlinguistiques. Les recherches peuvent être ancrées dans la traductologie ainsi que dans des domaines connexes, telles que la linguistique, les sciences humaines, la littérature comparée, la littérature mondiale, les sciences de l’éducation ou les sciences humaines et sociales.

Les communications peuvent porter sur les sujets suivants, entre autres : 

  1. La traduction (et la non-traduction) des langues marginalisées ou en voie de disparition 
  2. La traduction pour les personnes marginalisées ou avec leur collaboration (par ex. les personnes autochtones, noires, femmes, queer, handicapées, etc.) 
  3. La voix et le pouvoir d’action des traducteurs 
  4. La traduction et la migration 
  5. La traduction dans des contextes de guerre ou d’autres conflits  
  6. La traduction dans les situations de crise et de catastrophe 
  7. La traduction des littératures minoritaires ou moins étudiées

Nous invitons les étudiant.es aux cycles supérieurs et les universitaires en début de carrière à soumettre leurs propositions de communication avant le 9 mars 2023 au moyen de ce formulaire, en indiquant le nom de l’auteur, son adresse courriel, son affiliation, une courte biographie, le titre de la communication et un résumé de 250-300 mots. Les résumés sont acceptés en espagnol, en français et en anglais. Les communications se feront dans l’une de ces langues et seront d’une durée maximale de 15 minutes.

Pour toute question ou préoccupation, veuillez nous contacter à glendontsconference@gmail. Veuillez également consulter notre site web : www.glendon.yorku.ca/transconf/.

Bibliographie

Even-Zohar, Itamar. “System, Dynamics, and Interference in Culture: A Synoptic View.” Poetics Today, vol. 11, no. 1, 1990, pp. 85–94. https://doi.org/10.2307/1772672

Harrison, Neil, and Graeme Atherton. “Introduction: Marginalised Communities in Higher Education.” Marginalised Communities in Higher Education: Disadvantage, Mobility and Indigeneity. Édité par Neil Harrison et Graeme Atherton, Routledge, 2021, pp. 1-12. https://doi.org/10.4324/9780429293399

Messiou, Kyriaki. Confronting Marginalisation in Education: a Framework for Promoting Inclusion. Routledge, 2012. https://doi.org/10.4324/9780203121184

Mowat, Joan G. “Towards a New Conceptualisation of Marginalisation.” European Educational Research Journal EERJ, vol. 14, no. 5, 2015, pp. 454–76. https://doi.org/10.1177/1474904115589864

Shuttleworth, Mark. “Polysystem Theory”. Routledge Encyclopedia of Translation Studies, edited by Mona Baker and Gabriela Saldanha, 3e éd., Routledge, 2020, pp. 419–423. 

Spivak, Gayatri Chakravorty. Living Translation. Édité par Emily Apter et al. Seagull Books, 2022.